Vous les voyez souvent dans nos articles, vous les apercevez au détour d’une phrase ou ils semblent ne rien vouloir dire, mais ces petits mots ont un sens, ils sont tahitiens.
J’ai déjà évoqué la langue tahitienne dans un article antérieur mais au fur et à mesure de notre découverte de la Polynésie-Française, j’en comprend et en apprend un peu plus chaque jour.
Comme vous le savez déjà, le tahitien, ou reo ma’ohi, n’est pas un dialecte ou un patois mais une véritable langue, particulièrement ancienne et d’une très grande richesse et ce bien que le contact avec les langues occidentales lui ai fait perdre une partie de son vocabulaire originel.
Les expatriés et français présent à Tahiti, souvent bien en peine pour maîtriser les bases de la langue tahitienne, utilisent fréquemment une partie du vocabulaire tahitien auquel ils n’appliquent pas de règles de grammaire.
Ces mots se retrouvent donc placé au milieu de phrase en français, ce qui à donne naissance à ce que l’on pourrait appeler les expressions franco-tahitienne.
Avec le temps et l’occidentalisation progressive des îles polynésiennes (Tahiti en premier lieu), beaucoup de polynésiens de souche se sont également mis à utiliser le tahitien comme un complément au français.
Une raison principale à cela:
Le tahitien fût un temps interdit de pratique par les autorités française.
Le français reste aujourd’hui l’unique langue officielle de la Polynésie-Française.
Suite à cette période, beaucoup de polynésiens ont perdu l’usage de leur langue, et si son apprentissage est aujourd’hui très à la mode le fait est que pour un certain nombre de tahitiens, notamment les urbains et les jeunes, le français est leur langue maternelle et unique.
Par soucis identitaire, et à défaut d’employer la langue tahitienne dans toute sa richesse, l’usage de mot tahitien à la place de certain mots français est devenu une norme sur le territoire.
Dans un autre contexte, sur les îles isolées, le tahitien est parfois l’unique langue parlée. Un contraste frappant avec Tahiti et la certitude qu’il existe aujourd’hui non pas une mais plusieurs Polynésie, plus ou moins française selon l’isolement...
Revenons à nos moutons tahitiens.
Maintenant que vous en savez un peu plus sur la linguistique polynésienne, passons aux travaux pratiques.
Inutile de revenir sur les mots “nana”, “ia orana”, “fenua” et autres grands classiques, aujourd’hui je vais vous parler de deux mots magiques de la langue tahitienne.
Tout d’abord nous avons “ia” (prononcez “ya”).
“Ia” ne signifie pas grand chose, c’est un mot parasite placé devant à peu près chaque phrase en franco-tahitien.
exemples: “ah ia, ca va ?” ou bien “ia, ce week-end je suis allé à la plage” ou encore “iaaaaa” (ce qui ne signifie rien mais constitue une exclamation très utilisé en polynésie.
Le second mot magique du tahitien est l’expression “fiu” (prononcez “fiou”).
Ce petit mot regroupe absolument toute les notions de lassitude, d’ennuis, de problèmes...
On est fiu de quelque chose lorsque cette même chose nous semble ennuyeuse ou répétitive.
On est fiu tout simplement lorsque l’on est las ou blasé.
De même que “ia”, “fiu” est employé partout, tout le temps et dans tout les domaines.
Ainsi les publicités à Tahiti vante toutes leur produit un peu comme ceci:
“Ia tu est Fiu de X, achètes vite du Y !”.
Intéressant ? Non ? Bon...
Fin de la classe.
A bientôt :)
Ps: Pour être tout à fait exhaustif, sachez que si Tahiti, l’île dominante de ce vaste monde qu’est la Polynésie-Française, à su imposer sa langue sur l’ensemble des autres îles, il persiste aujourd’hui une seconde langue en Polynésie-Française: le marquisien.
En effet, les îles Marquises, archipel très à part, ont connu si peu de contacts avec le monde extérieur au cours de leur longue histoire que la langue tahitienne parlée par les natifs à eu le temps de se peaufiner jusqu’à devenir un véritable langage.
Le marquisien n’est toutefois parlé à ce jour que par une grosse poignée d’habitants de ces îles.